jeudi 18 octobre 2012

L'APMM-Maroc Anti-Atlas organise des journées culturelles

A l'occasion de la fête du mouton « TAFSKA », l'APMM anti-Atlas (Maroc) en coordination avec les associations locales (association Bougafer de la commune d'Alnif, Association Boudib de la commune de Messissi et l'association Aguddim de la commune de Hssiya), organisera deux journées culturelles et de communication le 27 et le 28 octobre 2012 à Alnif. Cette rencontre fait suite à:
1)- la rencontre du gouverneur de la province de Tinghir avec l'APMM-Maroc section Anti-Atlas représentée par son président et un de ses membres le 04-07-2012 au siège de la province;
2)- la rencontre des militants et acteurs associatifs de la région d'Alnif avec le gouverneur de la province de Tinghir le 15-08-2012 au siège de la province;
Ces deux journées se font à l'occasion de la fête de mouton « TAFSKA » où est organisée, pendant les deux jours qui suivent la fête, une tradition « Bouysgar » qui favorise la rencontre de jeunes garçons et de jeunes filles en jouant l'Ahidous.
A l'occasion de cette fête,  les alnifiens de la diaspora viennent dans la région pour passer la fête avec leurs familles.

Lors de ces journées, les thèmes suivant seront discutés:
1-      Proposition de thèmes de formation en faveur des associations ;
2-      Poser une stratégie de travail pour contribuer au développement durable de la région ;
3-      Organisation, coordination et communication pour un travail associatif efficace et responsable ;
4-   Réflexion sur des mécanismes pour proposer des lois qui permettent de compléter l’officialisation de l’amasighité dans la constitution ;

MIMOUNI Mhand
Coordonnateur régional du programme
de Généralisation des TIC en Éducation
(GENIE)

lundi 8 octobre 2012

Rencontres Guatemala-Colombie autour des spoliations des territoires par les multinationales


Du 1 au 11 septembre dernier, Pablo Ceto, de Fundamaya, a organisé la rencontre de délégués colombiens[1] et des autorités ancestrales du territoire des Ixil (département du Quiche, Guatemala). Cette rencontre s’est faite en trois temps : une visite des territoires, une réunion à Aq’ul, des sessions au parlement guatémaltèque. Denis Blamont a participé à cette rencontre en tant que membre du comité technique de l'APMM.
Le territoire (triangle) des Ixil a subi la plus féroce et meurtrière des répressions (massacres, destruction de toutes les maisons…) lors de la guerre civile des années 80 et 90. L’ampleur des exactions (villages entièrement détruits, populations massacrées) permet de parler de génocide.
Le lien entre les participants guatémaltèques et colombiens est l’entreprise multinationale ENEL qui réalise dans le pays ixil et dans la région du Quimbo colombien des projets hydroélectriques. Les objectifs de cette rencontre étaient ainsi :
- « des échanges avec les visiteurs colombiens à propos de la défense du territoire, du respect intérieur et extérieur des autorités ancestrales. »
- « Lutter contre l’inertie actuelle des populations indigènes, au contraire des luttes très engagées des anciens, et pour l’inclusion de toutes les franges de la population dans l’action pour l’avenir de la communauté. »
Dans ces deux régions on trouve les mêmes ingrédients :
-     une partie des territoires des autochtones a été spoliée au profit de fincas (latifundias) ;
-     l’état vend à une multinationale une autre partie du territoire et ses ressources hydriques et énergétiques à ENEL (dans le cas ixil, c’est même une finca qui est à l’origine du projet : le propriétaire trouvant la production d’électricité plus rentable que celle de café) ;
-     l’état, au lieu de protéger les populations, qu’il est censé représenter, leur impose, par la criminalisation et la force armée (le président actuel du Guatemala est celui qui commandait la répression des Ixil pendant la guerre civile), le respect des accords que lui et le propriétaire de la finca ont signés avec l’entreprise ENEL sans aucune consultation, sans parler, bien sûr, d’un accord, avec les habitants des territoires concernés.
-     La base légale de la lutte de ceux-ci est, entre autres, la convention 169 de l’OIT, signée par les deux états, qui stipule cette consultation et cet accord.
-     Ne sont, donc, respectés ni les traités internationaux, ni les lois des états ni même leurs constitutions.
-     On sent la corruption, ou la menace et la contrainte, partout présentes, et à tous les niveaux, y compris celui des élus locaux (ajoutons, dans le cas des Ixil du Guatemala, des conflits entre un maire élu et des autorités ancestrales désignées selon un tout autre mode).
-     Les dégâts sur la faune, la flore et les populations et leurs territoires ne sont pas pris en compte, encore moins réparés ou indemnisés.
-     Il n’y a aucune retombée positive pour les populations autochtones (emplois qualifiés, vente de produits alimentaires, nouvelles activités). Souvent même pas l’électricité, toujours de mauvaise qualité (voltage fluctuant, coupures).
-     Les habitants des pays Ixil et du Quimbo réclament :
o  1). soit, pour les Ixil, une véritable négociation respectueuse de leurs droits ancestraux sur les territoires concernés (y compris ceux des fincas) et de leurs modalités propres de prise de décision (en particulier, des négociations publiques et transparentes). Pour voir le rapport présentant la requête de la communauté à ENEL, cliquer ici, et pour voir la réponse d'ENEL cliquer ici ; 2) soit, pour El Quimbo, le départ de ENEL.
o  une indemnisation des victimes des chantiers (deux morts ixil) et de tous les dégâts causés sur une base territoriale et communautaire et non individuelle, comme prétend l’imposer ENEL
· Les 7 et 8 septembre, une réunion a été organisée dans le village “modèle”[2] de Aq’ul, de la municipalité de Nebaj, en pays ixil. Y participaient les autorités ancestrales ixil et le maire élu et son conseil, les visiteurs colombiens, deux représentants de l’ONU et deux représentantes d’une ONG espagnole et Benito Maria, de AVSF-CICDA, ainsi que Denis Blamont. Les débats ont tourné autour d’ENEL, bien évidemment, et des spoliations diverses dans les deux pays mais aussi, le 7, du conflit entre le maire actuel et son prédécesseur, qui conteste le résultat des dernières élections, ayant, ainsi, conservé par devers lui les bâtons d’autorité. Les principaux résultats des discussions du 6 ont été repris le 7 dans la déclaration d’Aq’ul puis la déclaration de Guatemala.  
Les 10 et 11, trois sessions au Parlement guatémaltèque, dont une de questions au gouvernement :

  •  le 10, au matin : discussion publique sur les droits des peuples indigènes et la convention 169 de l’OIE. Le député Hamilcar Pop, très engagé, lui aussi, et virulent, résume le défi ainsi : il faut « passer d’objet d’étude et de commisération à celui de sujet de droit ». Il faut que les ministères respectent les lois et les droits des populations.
  •  le 10, après-midi : questions publiques au gouvernement. Les questions, posées par le député Mejia, portaient sur des projets miniers et le projet ENEL, et la violation par les différents ministères et ENEL des lois guatémaltèques sur les droits des peuples autochtones, de la constitution et des traités internationaux. Les représentants du gouvernement venus sans avoir préparé les réponses furent surpris par le nombre et la qualité des assistants et ridiculisés par les députés Pop et Mejia. Un spectacle politicien sans doute stérile quant à son résultat immédiat mais très certainement réjouissant et roboratif pour les Ixil présents.
  •    le 11, discussion plus précise sur les projets ENEL au Guatemala et en Colombie. Ont aussi été évoqués le cas du Val de Suze, où ENEL sévit également, le cas du Sikkim, présenté en détail à Oloron par Tseten Lepcha et qui avait fait l'objet d’une motion présentée à l'UNESCO et, en contre-exemple, le cas pyrénéen (en particulier le rôle de l’état, garant des intérêts des populations, et les retombées locales de ce genre de projet), qui avait retenu l’attention de Pablo Ceto à Oloron.

À ces trois sessions, la presse avait été conviée. Le 10, jour sans séance parlementaire, elle était bien là et le journal télévisé a fait assez longuement écho aux discussions mais, le 11, jour de séance et de remise de maillots de football à l’équipe nationale, on ne l’a pas vue.

Lire le rapport de ces recontres rédigé par Pablo Ceto: Objetos o sujetos de derechos? 
 


[1] Des représentants des Pastos, le sénateur Herman Carlósama López, également venu à Oloron et Miller Armin Dussan Calderón, professeur d’université, représentant l’association Asoquimbo
[2] c'est-à-dire reconstruit de toutes pièces par les autorités centrales dans un site concentré pour faciliter le contrôle des populations.